Le Growth Hacker, à l’intersection du marketing, du commercial et de la technique

Paris, le 16 février 2023

Métier mystérieux et en vogue depuis quelques années, le job de growth hacker n’est pas si magique qu’il n’y paraît au premier abord. C’est un poste pluridisciplinaire, au centre de la croissance de l’entreprise qui te permettra d’explorer et d’apprendre en continu. 

En effet, le growth hacker a pour rôle d’augmenter les ventes de l’entreprise en identifiant les leviers les plus efficaces parmi le marketing, le commercial et la technique.

Pour comprendre ce métier de l'intérieur, nous avons discuté avec Jordan Chenevier-Truchet. Après avoir fait ses armes chez Germinal, une agence de growth hacking, Jordan est désormais à la tête de Bulldozer, un collectif de freelances spécialisés dans le growth.

Quel est le rôle du growth hacker ?

Jordan explique que “le rôle du growth hacker est très simplement de générer de la croissance pour l'entreprise. Mais la différence avec un commercial ou un marketeur, qui ont aussi pour objectif de générer de la croissance, c'est que c’est un rôle transverse.”

Dans une entreprise, il y a trois équipes qui œuvrent pour faire de la croissance (c’est-à-dire pour augmenter les ventes) : le marketing, le service commercial et l’équipe produit1

Comme l’indique Jordan, “le growth hacker va travailler avec l’équipe marketing pour attirer des clients, avec les commerciaux pour mieux convertir les prospects en clients et avec l'équipe produit pour faire en sorte qu'ils restent clients le plus longtemps possible.”

Le job du growth hacker, c'est de se mettre à l'intersection de ces trois pôles pour vraiment identifier tous les leviers qui peuvent permettre d'aider à la croissance.

La particularité du métier de growth hacker est sa diversité. Jordan développe avec un exemple : “quand tu travailles dans l'équipe produit d'un logiciel en ligne, tu es un développeur, tu sais coder. Quand tu es commercial, tu es au téléphone toute la journée pour vendre et quand tu es un marketeur, tu fais de la publicité. Quand tu es growth hacker, il faut que tu aies un peu de connaissances sur tous les sujets. Mais étant donné que tu n'es pas un super développeur, que tu n'es pas un super commercial, etc. ton rôle, c'est de beaucoup bidouiller.”

Les missions du growth hacker sont ainsi très variées, et son champ d’action, très vaste. Plus précisément, et de façon non exhaustive:

  • Côté produit, il peut être amené à programmer et développer des “hacks” pour industrialiser différents process - récupération de données en masse (aussi appelée scrapping), automatisation de tâches diverses, etc. En fonction de son niveau d’expertise en programmation, il utilisera des programmes de no-code pour interfacer différents outils (par exemple Zapier), ou exécutera du code (HTML, CSS, Ruby);
  • Côté marketing, il devra contribuer à l’optimisation de l’ensemble du funnel de vente, de la génération de trafic, jusqu’à l’acquisition d’un client. Il pourra ainsi se confronter aux problématiques de référencement, aussi bien organique (le SEO) que payant (SEA) afin de mieux positionner ses sites web dans les résultats des moteurs de recherche. Il travaillera également sur les sujets de publicité en ligne, sur la stratégie des réseaux sociaux, puis pourra mettre en place des campagnes d'emailing pour fidéliser sa communauté.

Quelles compétences pour être growth hacker ?

Difficile de répondre à cette question pour Jordan. “La particularité des profils growth hackers, c'est que ce sont généralement des profils qu'on appelle T shaped (en forme de T).”

La barre horizontale du T fait référence à l’ensemble des compétences indispensables pour un growth hacker. Il faut une multitude de connaissances de base dans une multitude de domaines. 

Puis, la barre verticale représente une spécialisation dans l’un de ces domaines, une compétence que le growth hacker maîtrise bien plus que la moyenne.

Jordan nous explique que lors du recrutement, une entreprise recherche généralement un growth hacker avec une appétence dans un domaine en particulier. Ce domaine aura été identifié en amont comme étant son levier de croissance prédominant (la méthode qui va lui permettre d’augmenter ses ventes plus rapidement).

Si ce n’est pas précisé, cela peut signifier que l’entreprise connaît mal le métier, ou qu’au contraire, elle estime qu’elle est encore dans une phase trop jeune et a besoin de tester plusieurs leviers. Elle cherche alors un profil très polyvalent qui sera en mesure de développer sa compétence dans le domaine qui sera identifié au fil des tests. 

Plus que des compétences clés, il s’agit surtout d'avoir un certain trait de personnalité, un état d’esprit particulier pour être un bon growth hacker. 

“J'aime bien dire que d'un point de vue mentalité, il faut un esprit de débrouillardise et surtout un biais orienté action. La réflexion c'est bien, mais à un moment donné, il faut tester des trucs. Il faut vraiment penser idée/exécution” confie Jordan.

Le growth hacker travaille essentiellement selon un processus itératif : il teste en permanence des choses, récolte les données qui permettent de valider ou d’invalider les hypothèses, puis relance de nouveaux tests. 

Et c’est le dernier point important pour ce genre de métier : il faut une certaine appétence pour la data (les données en français). Il faut aimer récolter des chiffres et les analyser.

Quelle formation suivre pour devenir growth hacker ?

Le métier de growth hacker est donc très généraliste, un socle de compétences solides et variées semble indispensable, mais c’est aussi un métier qui s’apprend sur le terrain. 

Le meilleur moyen de se former au métier de growth hacker pour Jordan, “c’est de lancer un projet dans le domaine qui te plaît”.

Il faut ainsi privilégier une formation généraliste, mêlant sciences de gestion et digital, afin de se constituer un bagage suffisamment robuste pour appréhender tout le champ d’action du métier. Il faudra ainsi veiller à ce que la formation envisagée intègre a minima un apprentissage des fondamentaux du Marketing Digital, des premières notions en no-code2 ou low-code, ainsi que les bases en gestion de projet (i.e. comment se fixer des objectifs, suivre des indicateurs clés de performance, organiser le travail en équipe, etc.).

Quel est le salaire d'un growth hacker ?

Le salaire d’un growth hacker est difficile à communiquer précisément, comme beaucoup de métiers dans le milieu, il dépend souvent de la taille de l’entreprise et du secteur. 

Toutefois, on peut dire qu’en moyenne un growth hacker avec 2 ans d’expérience peut prétendre à un salaire annuel entre 40 000 et 45 000 €. Les salaires augmentent ensuite avec l’expérience et le niveau de responsabilité. Il est possible de voir des offres pour des postes de head of growth (chef de l’équipe en charge de la croissance) à plus de 80 000 € annuel. 

Pour creuser le sujet, tu pourras trouver des offres d’emplois avec les salaires proposés dans les domaines du Growth sur le site Growth.talent, la communauté du Growth en France.

Quelles évolutions possibles après un poste de growth hacker ?

L’évolution classique après growth hacker est la montée dans la hiérarchie : growth manager, poste dans lequel tu seras en charge de plusieurs growth hackers, puis head of growth lorsqu’il s’agit d’une entreprise d’une certaine taille et que le growth représente un département entier. 

Mais l’immense avantage du job de growth hacker, c’est sa généralité comme le développe Jordan : “selon ton profil T shape, tu peux aller dans une équipe data, dans une équipe commerciale, dans une équipe marketing, dans une équipe produit…”. Les choix de carrière sont vastes après avoir commencé par le métier de growth hacker, cela peut te permettre également d’identifier quels sont vraiment les domaines qui te font vibrer. 

Pour conclure, il est intéressant de noter que le métier de growth hacker est en forte demande. Il y a quelques années, le métier était en pleine expansion, tout le monde voulait être growth hacker alors que peu d'entreprises recrutaient ce genre de profils. 

Désormais, la situation est inversée. L’avènement des outils no code a remplacé la technique de ce métier et il s’est démocratisé. Les entreprises cherchent à recruter, mais trouvent moins les profils qu'elles voudraient. Il y a donc une opportunité à saisir, avec des salaires plus attractifs.

Enfin, Jordan termine notre entretien par un conseil ultime pour toi, étudiant qui souhaiterait devenir growth hacker : “Fais des trucs. Lance un business, poste sur LinkedIn, poste sur Twitter, lance une newsletter…” En effet, les recruteurs en recherche de profils Growth Hacker savent qu’il faut avoir un biais tourné vers l’action. Le meilleur moyen pour toi de leur montrer cela, c’est d’avoir déjà un portfolio de projets personnels.

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1 Le rôle de l’équipe produit est d’étudier les comportements des utilisateurs pour émettre des hypothèses sur lesquels construire un produit, puis de chercher à améliorer sans cesse l’expérience utilisateur. Pour plus de détails, voir notre article sur le métier de Product Manager.

2 Les outils no code permettent de concevoir sans coder, donc sans avoir besoin de développeur. Il est par exemple possible de créer un site avec WordPress ou Webflow sans avoir de notion de code.